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The Ouroboros Steak, le steak à côté de la plaque

Ces dernières semaines, un projet artistique appelé The Ouroboros Steak, a attiré l’attention des médias. Il se présente comme un “kit DIY” permettant de fabriquer des steaks cultivés grâce à des cellules humaines. L’objectif de ces artistes militants : questionner la pertinence et la soutenabilité de l’industrie de la viande cultivée.

Nous regrettons le fait que ce projet, qui émet des critiques plus ou moins légitimes concernant le développement de la viande cultivée, soit relayé en masse par certains médias prenant leurs libertés quant aux faits afin de produire un contenu le plus sensationnaliste possible. Certains sont même allés jusqu’à affirmer que l’Ouroboros Steak était le projet d’une véritable entreprise, alors qu’il n’en est rien.   

S’il est tout à fait acceptable d’être sceptique quant aux bénéfices de la viande cultivée, nous déplorons le manque de professionnalisme des médias en question qui n’hésitent pas à mettre en avant des titres trompeurs en décalage total avec la réalité de la viande cultivée aujourd’hui. 

Laisser entendre que la production de viande humaine à partir de cellules est un projet sérieux, quand le développement de la viande cultivée a simplement pour but d’offrir aux consommateurs la viande qu’ils aiment avec une méthode de production qui se veut être meilleure pour notre société, est une tentative malhonnête de discréditer l’agriculture cellulaire.

Anecdotique et glauque, ce “steak à base de cellules humaines” ne dit pas grand chose sur l’état de la viande cultivée aujourd’hui, ni même sur son développement futur.

Par ailleurs, la critique de la viande cultivée émise par les auteurs du projet sur l’utilisation du sérum fœtal bovin nécessiterait beaucoup plus de nuance. En cause : le sérum fœtal bovin (SFB), un composant obtenu à partir du sang du fœtus de vache, utilisé en médecine et dans les premières phases de recherche et développement de de la viande cultivée. Les créateurs de l’Ouroboros Steak expliquent que leur démarche a pour but de dénoncer l’utilisation de ce sérum par l’industrie de la viande cultivée, puisque cela va à l’encontre du bien-être des animaux.

Nous sommes d’accord avec eux, utiliser ce sérum serait un non-sens pour le développement d’une viande qui se veut plus éthique. C’est pourquoi aucune entreprise de viande cultivée ne compte l’utiliser à terme. Depuis ses débuts, la recherche sur la viande cultivée a d’ailleurs érigé comme priorité le développement d’alternatives au sérum fœtal bovin. 

Le SFB n’est déjà plus utilisé par la majorité des entreprises de la viande cultivée. De manière générale, toutes les entreprises sont en passe de s’en abstenir, notamment grâce aux récentes avancées de la recherche sur les milieux de croissance alternatifs. 

Au-delà du simple facteur éthique : la qualité du SFB est extrêmement fluctuante d’un lot à l’autre, il n’est pas disponible en quantité suffisante pour envisager une production à grande échelle et il est surtout incroyablement cher. Par conséquent, son utilisation ne serait même pas rentable dans une logique de production industrielle.

Ainsi, il semble peu pertinent de remettre en cause le développement de la viande cultivée sur la base de fantasmes concernant la production de viande humaine, ou d’informations très partielles au sujet d’un composant dont les acteurs de l’industrie se sont pour la plupart déjà débarrassés. 

Dans ce contexte, on peut déplorer que certains médias aient pu laisser entendre par des titres sensationnalistes ou des contenus peu nuancés que la production de viande à partir de cellules humaines était un projet sérieux parmi les acteurs de l’agriculture cellulaire. Cela ne contribue pas à un débat plus éclairé sur la question de la viabilité des alternatives à l’élevage industriel, or une meilleure compréhension du sujet est fondamentale si nous souhaitons sérieusement traiter les problèmes causés par ce dernier.

1 thought on “The Ouroboros Steak, le steak à côté de la plaque”

  1. C’est lié à une méconnaissance générale sur le sujet, même dans les milieux animalistes. Il faut recommander le guide de Paul Shapiro : Clean Meat. Comment la viande de culture va révolutionner notre alimentation . L’association belge Gaïa l’a fait traduire en français et sorti chez Luc Pire.
    Leur site dédié viandecultivee.be a d’ailleurs eu un entretien avec votre présidente, Mme Nathalie Rolland, rubrique News page 4, le 20 avril 2020, à propos d’une étude des consommateurs qui acceptent, bien volontiers, quand ils sont informés correctement, de manger de la viande cellulaire, test à l’appui.
    Un auteur belge a aussi écrit un livre en anglais, pas encore traduit en français, Tobias Leenaert : How to create a vegan world , a pragmatic approach.
    Deux philosophes américains ont résumés la formule :
    “Le steak de synthèse contient de vraies cellules animales. Si le processus est artificiel, car il n’y a pas d’engendrement, le produit, lui, reste animal.”

    Patrick D. Hopkins et Austin Dacey

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